L’Islande, entre l’eau et le feu

Le 12 octobre 2013
L‘Islande… le pays des glaciers et de l’océan… des fjords et des volcans… des lutins et des géants… Une île hors du commun où la nature dicte sa loi, où le chaud se marie au froid et où l’histoire et la culture, tant chrétienne que païenne, planent au-dessus de ses terres dépeuplées.

Pays volcanique, de part sa position sur la dorsale médio-atlantique à l’endroit où les plaques eurasienne et nord-américaine se séparent, la menace sur l’île est permanente. L’éruption dramatique du volcan Laki à la fin du XVIIIe siècle en est un bel exemple. Il tuera, par des gaz toxiques, 20% de la population islandaise et la moitié du bétail (il faut avouer que cela n’est point surprenant: il y a nettement plus de moutons que d’hommes en ces terres).

Le désastre sera si grand qu’on envisagera même d’évacuer l’île dans son intégralité. L’éruption de mars 2010 du volcan Eyjafjallajökul (n’essayez même pas de le prononcer… encore moins de le dire à haute voix 3 fois de suite) est la plus récente et la plus connue de nous. Si elle n’a fait aucune victime, l’espace aérien européen a été paralysé durant plusieurs jours en raison de l’immense nuage de cendres craché par le cratère. Les Islandais ne traitent donc jamais la menace volcanologique à la légère.

«Si le temps ne te plait pas, attends donc 5 minutes»

Le temps et la température sont très capricieux et changent extrêmement vite sur l’île. Il n’est pas rare d’avoir du brouillard, du soleil, de la pluie et du vent dans l’espace d’une journée. Le matin, il peut faire 5° C et l’après-midi 25° C. D’ailleurs, un proverbe islandais témoigne de la météo: «Si le temps ne te plait pas, attends donc 5 minutes». Il faut donc toujours se déplacer avec son armoire portative afin d’être certain d’avoir le bon habit à portée de main au bon moment.

L’eau règne en maître absolu sur l’Islande. Elle se faufile dans tous les recoins, que ce soit sous forme de glace, de cascades, de rivières, de lacs ou encore de geysers.

La présence inépuisable de ce précieux liquide constitue un atout majeur pour l’île, surtout en matière d’eau chaude naturelle. En effet, cette source énergétique est captée et permet, par exemple, de chauffer 85 % des maisons islandaises. Hormis la désagréable odeur de souffre qui donne parfois l’illusion de se doucher à l’œuf pourri, il est plaisant d’avoir toujours de l’eau chaude en profusion dans toutes les salles de bain. Autre côté positif: l’absence quasi totale de pollution industrielle puisque l’énergie est issue de cette géothermie ou de l’hydroélectricité.

Gastronomie islandaise

Pour la nourriture, nous partions à reculons… déçus en bien, comme diraient les Vaudois, nous avons extrêmement bien mangé. L’agneau est, bien évidemment, le roi des assiettes, cuisiné de toutes les façons imaginables possibles. Cependant, poissons et crustacés sont toujours proposés en parallèle à la viande. Même dans les coins les plus reculés, la notion de village en Islande représentant une église et une maison (notre chambre d’hôte en général), nous avons eu la chance de découvrir de petits restaurants (la deuxième maison sur la gauche qu’on prenait pour la grange vue de loin) qui nous concoctaient des plats divins et des desserts originaux au skyr (yogourt islandais).

Parlons à présent de son peuple et de sa langue. Encore aujourd’hui, l’Islande reste en grande partie inhabitée, sa population atteignant à peine les 300 000 habitants, concentrés à l’essentiel dans la capitale, Reykjavík, et ses environs. Descendants des Vikings, ils parlent la plus vieille langue d’Europe, certes imprononçable voire indéchiffrable pour nous, pauvres Suisses francophones, mais extrêmement précieuse de part le fait qu’elle se soit figée au travers des siècles d’isolement. En effet, les Islandais sont le seul peuple à pouvoir lire, même aujourd’hui, avec une grande facilité, des sagas écrites au Moyen-Âge grâce au fait que leur langue n’ait subi aucune altération.

Une seule route principale et bétonnée vous permet de faire le tour de l’île dans une voiture de location standard. Lorsque l’on souhaite explorer l’intérieur des terres, afin de se confronter d’avantage à cette nature abrupte et sauvage, il vous faut louer un 4×4 dans l’espoir de pouvoir emprunter les pistes caillouteuses, généralement embellies de cratères de grandeurs variables, ou traverser les rivières. Lorsque l’on emprunte ces routes, l’on comprend parfois un peu mieux pourquoi les voitures sont si chères à la location. En effet, leur durée de vie ne dépasse que rarement les 2 ans. Rappelons tout de même que l’Islande affiche l’un des niveaux de vie les plus élevés au monde.

Paysages lunaires

La faune et la flore de l’île valent le détour: moutons suicidaires; oiseaux de toutes sortes,
parfois au caractère hitchcockien, dont le célèbre «Macareux» en est l’emblème énigmatique (difficile de dénicher cet oiseau marin au regard mélancolique… mais quel plaisir pour les yeux lorsqu’il décide de montrer le bout de son bec); plages de sable noir; lacs de glaces sur lesquels barbotent les icebergs aux reflets noirs et bleus charriés par les glaciers (il semblerait que James Bond les apprécie suffisamment pour y avoir déjouer des complots deux fois par le passé
dans «Dangereusement vôtre» et dans «Demain ne meurt jamais»); très peu d’arbres, la vie végétale se manifeste sous des formes différentes ici, à l’instar d’une mousse spongieuse d’un vert fluorescent qui s’agrippent aux flans des volcans. Parfois, cette absence de végétation donne l’impression étrange d’avoir atterri sur la lune (c’est certainement pour cette raison que dès 1964, la NASA avait coutume d’envoyer ses astronautes se préparer pour leurs missions lunaires en Islande dans le secteur de Mývatn).

Il semblerait même que Neil Amstrong, lorsqu’on lui demanda à quoi ressemblait la Lune, aurait répondu: à l’Islande; montagnes habillées de robes dégradées et multicolores, passant du jaune à l’orange, du brun au vert, du blanc au noir, etc. C’est au centre des terres, dans la région du Landmannalaugar, que la lumière éclabousse le mieux de ses rayons ces décors majestueux. L’activité volcanique y a forgé des montagnes de rhyolite, des vallons et des cratères rougeâtres, côtoyant des lacs et des rivières aux reflets bleutés et argentés. Le Paradis terrestre, c’est en Islande qu’il a posé ses valises (et en respectant même les 25 kilos de la classe économique, pardi)!

Mélanie et Adrien

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