Notre grande famille regroupe de nombreuses nationalités: certains sont Suisses, d’autres Français, d’autres encore sont récemment devenus Canadiens (la famille de Joseph et Doris Rossi, Anne Danion)… et il y a encore beaucoup d’autres horizons à mentionner dont la Suède, les États-Unis, le Liechtenstein, l’Autriche et j’en passe!

Pierre Danion La plupart des pays exercent le droit du sol, ce qui signifie que celui qui naît dans le pays en question en a la nationalité. En Suisse, le droit dit «du sang» est appliqué et la nationalité se transmet de génération en génération. Il est aussi possible l’acquérir en se faisant naturaliser, mais cela est assez long: il faut vivre douze ans en Suisse (pour les adultes), pour les enfants, les années entre 10 et 20 ans comptent double. Une autre possibilité est une démarche de récupération qui s’appelle «naturalisation simplifiée», comme dans le cas de François Danion.

Sa mère, Marie, avait perdu sa nationalité suisse en se mariant avec Pierre qui était Français. La loi a changé en 2006 et maintenant une femme qui épouse un étranger garde sa nationalité suisse. C’est pourquoi, depuis 2006, on peut demander à récupérer cette nationalité jusqu’à la deuxième génération.

Le dossier à remplir est très complet. Il faut prouver que l’on est allé plusieurs fois en Suisse, que l’on possède parfaitement une des trois langues principales nationales, que l’on connaît bien la Suisse (son histoire et sa géographie; examen à passer pour cela), avoir des recommandations de Suisses confirmant son attachement à ce pays et surtout prouver que l’on est une personne de bonne moralité.

Plusieurs membres de notre famille souhaitent devenir Suisses: Yves et sa famille, de même qu’Audrey et Pierre-Eric (enfants de François), dont les démarches sont en cours.

François, quant à lui, vient d’obtenir la nationalité suisse et nous explique ici ce processus de naturalisation.

― Cher François, peux-tu nous expliquer tes motivations à devenir Suisse?

Elles sont essentiellement au nombre de trois:

 

1. La grande admiration et l’amour que j’ai toujours eu de ce pays, en particulier grâce à sa belle organisation et au civisme remarquable de ses citoyens. Sans cela, je n’aurais jamais fait la démarche de cette naturalisation.

 

2. La reconnaissance officielle de mes origines et de mon attachement familial par la naturalisation.

 

3. L’espoir que cette naturalisation faciliterait la transmission de la nationalité à ma descendance.

― Les démarches ont-elles été fastidieuses? Peux-tu nous en parler?

Je ne dirais pas qu’elles sont fastidieuses. Elles sont imposantes, complètes, précises et justifiées. C’est un moyen de s’assurer que le candidat aura toutes les chances de s’intégrer et de s’adapter aux lois et à la culture de ce pays.

 

Si la France avait appliqué les mêmes règles, nous n’aurions pas aujourd’hui tous ces problèmes de banlieues où une importante jeunesse, issue de l’immigration, se croit à tort rejetée, parce qu’elle n’a pas compris et qu’on ne lui a pas expliqué que son seul pays était la France et qu’elle devait impérativement en accepter ses lois et sa culture pour sa réussite, sans renier pour autant sa culture familiale.

― Combien de temps cela a-t-il pris?

La partie questionnaire est vite remplie, ce sont les pièces à fournir qui constituent l’essentiel du temps passé. Les pièces d’état civil à fournir s’obtiennent facilement et rapidement avec internet. Ce qui m’a pris le plus de temps (environ trois à quatre jours de travail) a été la recherche de preuves de séjours passés en Suisse.

 

Comme je n’avais gardé aucune facture d’hôtels, j’ai dû aller rechercher dans mes archives des photos me montrant sur des sites suisses facilement identifiables. J’ai visité de très nombreux endroits en Suisse, mais comme je suis un passionné et un puriste de la photo, j’ai fait de nombreuses photos de la Suisse, mais en étant presque toujours du mauvais côté de l’appareil.

 

J’ai heureusement réussi à retrouver quelques photos où on me voit devant le Cervin, le glacier d’Aletsch, au bord du Léman à Montreux avec en toile de fond le château de Chillon. C’est une infime portion des sites que j’ai visités, mais heureusement cela a dû être jugé suffisant.

 

Quant à la réponse des autorités suisses, elle a été beaucoup plus rapide que ce que m’avait annoncé le consulat. J’ai déposé mon dossier en novembre 2013 au consulat de Lyon. J’ai passé un examen de connaissances le 13 janvier 2014 au consulat. Le consulat m’a indiqué un temps d’attente de un à deux ans. Les autorités de Berne ont pris leur décision le 29 juillet, pour application le 16 septembre 2014 et le 15 octobre le consulat de Lyon m’écrivait pour m’annoncer la bonne nouvelle.

― Et qu’en est-il des autres membres de ta famille proche?

Yves a déposé son dossier en même temps que moi et attend sa réponse. Audrey a déposé le sien début janvier. Pierre Eric va déposer également un dossier avant la fin de cette année.

― Connais-tu le film «Les faiseurs de Suisses» (1978) qui traite, de manière satyrique, des processus de naturalisation en Suisse et des rouages de la bureaucratie helvétique?

Je ne connais pas ce film, mais mon examinateur du consulat m’en a fait une allusion en janvier, sur un air moqueur.

― As-tu dû chanter l’hymne suisse, toi aussi, et préparer et manger une fondue devant les yeux de tous?

Non, je n’ai pas eu à chanter «le cantique suisse», dont je connaissais les six premiers vers, que je trouve bien adaptés au pays.

― De quel canton es-tu maintenant ressortissant? Poschiavo? Comme Armel et nous autres Suisses?

Je suis comme Armel et vous, rattaché à Poschiavo et au canton des Grisons. Ceci était bien spécifié sur ma notification de naturalisation et sur ma carte d’identité que je viens de recevoir.

(NB: En Suisse on est ressortissant non pas de la commune dans laquelle on vit, mais de celle dont viennent nos ancêtres, donc Poschiavo).

― Quels autres nationalités as-tu encore?

Je suis Français.

― Y a-t-il des membres de ta famille proche qui vivent en Suisse?

A part la famille ROSSI, je n’ai pas de proche vivant en Suisse. Je dois cependant signaler que ma fille Audrey et mon gendre Tomislav sont frontaliers et habitent dans le pays de Gex. Audrey a travaillé plus de six ans à Genève et se prépare à retravailler en Suisse. Tomislav a travaillé plus de six ans à Nyon et bientôt deux ans à Genève.

― Penses-tu exercer ton droit de vote en Suisse?

Bien sûr et je m’y prépare.

― Si tu es considéré comme ressortissant de la commune italophone de Poschiavo, je crois que tu recevras le texte des votations en Italien. Comprends-tu cette langue?

Je ne parle pas l’Italien, mais j’arrive à le comprendre, grâce à ma connaissance du Portugais (avec Nicole nous avons vécu quatre ans au Brésil), qui vient enrichir mes connaissances de racines latines.

― Est-ce que ça change quelque chose concrètement pour toi, d’être Suisse, maintenant?

Pour moi, le changement est uniquement du domaine de l’affectif. Maintenant, quand j’irai en Suisse, je ne me sentirai plus comme un étranger. Je suis heureux maintenant de pouvoir dire à mes amis que je suis Suisse et non plus d’origine suisse. Sur un plan matériel, cela ne va rien changer. Je vais continuer à vivre à Lyon.

― Quelles régions de la Suisse connais-tu en particulier?

Je connais bien Genève et les bords du Léman, Neuchâtel, Bâle, Berne, Lucerne, le massif de la Jungfrau, le Valais, Zermatt (j’y suis allé au moins quatre fois), l’Engadine et Poschiavo (une seule fois en 1973).

― Lesquelles voudrais-tu découvrir?

J’aimerais en particulier retourner à Poschiavo pour bien visiter le massif de la Bernina (l’Alp Grüm, la Diavolezza…).

― Que penses-tu de nos spécialités culinaires: fondue, raclette, röstis, pizzocherri, filets de perche, saucisson vaudois, émincé de veau à la zurichoise, polenta, etc.? Des préférences?

Je connais la raclette, la fondue, la viande des Grisons que j’adore, mais à l’examen du 13 janvier je ne connaissais pas les röstis (ce fut une des rares questions où je n’ai pas su répondre).

 

Cela m’a valu une moquerie de Nicole et le premier cadeau que m’a fait ensuite ma belle-fille Claire fut des röstis de chez Picard. Depuis j’ai mangé plusieurs fois des röstis, que j’aime et qui ressemblent beaucoup à ce que nous appelons des criques, que cuisinaient ma mère et la mémé Rossi.

FÉLICITATIONS À FRANÇOIS!!!